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Cette semaine, effectuons un retour sur le seul vol de Kamikaze triomphalement accueilli par les Parisiens… Banzaï !
En ce printemps 1937, les ombres s’accumulent sur le monde en général et le Japon en particulier. La politique expansionniste pratiquée par l’Empire n’est pas du goût de bien des puissances occidentales. Au premier rang des griefs, l'invasion de la Mandchourie et la création dans la foulée de l'état du Mandchoukouo, que ne reconnaît pas l’ancêtre de l’ONU, la - déjà - pâle Société des Nations, que le Japon a quitté quatre ans plus tôt. De peur de se trouver esseulé sur la scène internationale, ce dernier se rapproche de ces modèles démocratiques que sont alors l'Espagne franquiste et l'Italie mussolinienne qui reconnaissent l’état fantoche.
Aussi l’attrait de l'aéronautique est-il double pour l’Empire : des avions performants lui permettent de franchir les distances importantes le séparant de ses colonies, mais aussi de se rapprocher de grandes nations européennes comme la France et le Royaume-Uni, où le roi George VI doit être couronné le 12 mai. Les opinions publiques sont en effet séduites par les extraordinaires performances de ce secteur dans les années 20 et 30 où les courses aériennes et autres tentatives de records sur longues distances sont très populaires, avec notamment des raids entre Tokyo et Paris ou Berlin.
Aussi le Kamikaze, mot japonais qui signifie « Vent de Dieu », revêt-il une importance toute particulière. Cet appareil – puisque c’est de cela qu’il s’agit - est en fait le deuxième des trois prototypes du Ki-15, un modèle de la célèbre firme Mitsubishi. Long de 8 mètres 28 et d’une envergure de 12 mètres, il est capable de voler jusqu’à 500 km/h et sur une distance de 2 400 kilomètres. Entièrement constitué d’alliages métalliques légers, il ne pèse « que » 2 000 kilos.
Initialement conçu pour faire office d’avion de reconnaissance militaire et officiellement baptisé le 1er avril 1937 en présence d’un Prince impérial, oncle par alliance de l'Empereur Hirohito, il est finalement acheté par le célèbre journal national Asahi Shinbun pour promouvoir sa marque.
C’est dans ce contexte qu’il s’envole quelques jours après son baptême pour tenter d’établir un nouveau record Tokyo-Hanoï-Paris. Une première tentative échoue le 2 avril en raison de conditions atmosphériques défavorables. La seconde sera la bonne. Le pilote Masaaki Iinuma, âgé de 26 ans à peine, et son navigateur Kenji Tsukagoshi partent de l'aéroport Tachikawa de Tokyo le 5 avril à 17h12. Les deux hommes vont réussir à rallier, par étapes, l'aéroport londonien de Croydon à 15h25 le 9 avril avec un nouveau record à la clé de 95 heures, 17 minutes et 56 secondes, à une vitesse moyenne de 162,854 km/h. Ils y reçoivent un accueil triomphal, comme lors de leurs passages à Rome et au Bourget.
Surfant sur leur gloire soudaine, ils effectuent alors une tournée à travers l'Europe. Ils rencontrent à cette occasion dans leurs pays respectifs le roi des Belges, le souverain italien, le sinistre ministre allemand, lui-même ancien aviateur, Hermann Goering, et sont décorés de la Légion d'honneur par le ministre de l'Air français Pierre Cot. Le 12 mai, ils sont de retour à Londres à temps pour prendre des photos du couronnement de George VI pour le compte du journal qui les emploie. Deux jours plus tard, ils embarquent pour Tokyo où une foule de 60 000 supporters les accueille triomphalement le 21 mai. De nombreuses cartes postales et des maquettes sont éditées à l’effigie de l’avion et un concerto est même écrit à sa gloire.
Le Kamikaze, qui continuera par la suite à effectuer différentes missions pour son armateur, finira exposé au siège du journal à Tokyo et sera détruit dans le bombardement de ce dernier en 1944.
Pour autant, il n’est pas à l’origine du nom des fameux pilotes suicidaires. Également utilisé dans le sens d'« intervention divine », le mot « kamikaze » est en effet repris à l’automne 1944 par la Marine impériale japonaise pour désigner une unité d'attaque spéciale composée de pilotes devant projeter leur appareil sur des bâtiments ennemis, avant d’être étendu à l’ensemble de ce type de missions.
ÇA S'EST AUSSI PASSÉ CETTE SEMAINE :
- 4 avril (1969) : le docteur Denton Cooley pratique à Houston, aux USA, la greffe d'un "cœur d'attente" en plastique, premier cœur artificiel
- 4 avril (1975) : création de Microsoft par Bill Gates et Paul Allen
- 5 avril (1998) : au Japon, ouverture à la circulation du pont suspendu du détroit d'Akashi de 3 911 m, dont la portée centrale (1 991 m) est la plus longue au monde
- 5 avril (2009) : lancement du satellite de communications Kwangmyŏngsŏng 2 par la Corée du Nord
- 7 avril (1795) : adoption en France du système métrique
- 7 avril (1947) : mort d’Henry Ford, le célèbre constructeur américain d’automobiles, à 84 ans
-7 avril (1969) : publication de la première RFC, date symbolique de naissance d'Internet
- 7 avril (1970) : première livraison de Boeing 747 à Air France
- 7 avril (2010) : Bertrand Piccard effectue le vol inaugural de l'avion solaire Solar Impulse
- 7 avril (2010) : quatre femmes intègrent pour la première fois en même temps la station spatiale internationale
- 8 avril (1946) : création d'EDF
- 8 avril (2016) : la Maison de Radio France propose au public d'écouter un son 3D pour la première fois
- 9 avril (1968) : premier lancement d'une fusée à partir de la base spatiale de Kourou en Guyane française
- 10 avril (2019) : première photo d'un trou noir publiée par un consortium scientifique international
Le 07/04/2022