Partager sur
Cette semaine, cela fait tout juste 73 ans que la compagnie américaine RCA Victor dévoilait le premier lecteur de 45 tours. Séance de rattrapage pour ceux d'entre vous qui ne connaîtraient pas la chanson.
Notre histoire débute autour de 1900. Alors que le monde s'apprête à basculer dans le XXème siècle apparaît en effet le 78 tours. Ce disque mono sillon de 25 à 30 cm de diamètre, qui peut contenir de 3 à 5 minutes d’enregistrement, s’écoute sur un gramophone. Il est fabriqué en SHELLAC - une résine secrétée par un insecte ! -, en cire, ou même en coton et en ardoise. Le gramophone étant bientôt supplanté par le tourne-disque, le 78 tours se démocratise dans les années 20 grâce à l'apparition des juke-boxes et aux radios. Mais s’il règne dans toute la première moitié du siècle, l’invention du microsillon en 1946 par la firme américaine Columbia va précipiter sa chute…
En effet, les pénuries nées de la deuxième guerre mondiale poussent les fabricants à se tourner vers une matière, le vinyle, qui révolutionne le secteur en donnant naissance au microsillon. Son grain beaucoup plus fin permet en effet des sillons plus étroits et rapprochés. L’utilisation de cette matière synthétique thermoplastique améliore ainsi à la fois considérablement la durée d'enregistrement et la qualité du son, amplifiée par l'émergence de la stéréophonie. Et parmi les différents supports qui émergent à ce moment-là, le 45 tours va rapidement – avec le 33 tours, idéal pour des enregistrements plus longs – tirer son épingle du jeu…
Pourtant, la partie était loin d'être gagnée. En effet, lorsque RCA Victor lance, ce 1er février 1949, le tout premier lecteur capable de lire ces petits disques de 17 centimètres de diamètre tournant à 45 tours par minute, rien ne laisse supposer que les gens vont investir dans ce nouveau matériel limité en temps d'enregistrement, et encore moins qu’il s’apprête à révolutionner la musique en général, et le rock et la pop en particulier.
Or, contre toute attente, ce format propice à la reproduction d'un ou deux morceaux par face va rapidement séduire le grand public, en particulier les jeunes. Et ce, grâce à un concept toujours valable de nos jours. Dans un article qui lui est consacré, Rolling Stone décrit en effet avec malice le 45 tours comme le "single iTunes à 99 cents en téléchargement" de son époque. Les adolescents des années 50 sont vite conquis par son format et son coût modeste. Le fameux Rock Around the Clock de Bill Haley, emblème de la révolution rock qui s'amorce, se vend à trois millions d'exemplaires outre-Atlantique en 1955. La révolution est lancée et le monde de la musique s'y engouffre, avec un record de 200 millions d'exemplaires vendus aux USA en 1974.
Néanmoins, les années 80 vont sonner le déclin du 45 tours. En 1963, Philips invente d’abord un petit objet à la coque de plastique dont le succès va aller grandissant : la cassette. Le nombre de juke-boxes diminue et l'audience privilégie progressivement les albums complets aux singles. En 1983, Philips, toujours lui, va planter le dernier clou du cercueil en lançant le CD. Dans les années 90, le 45 tours n'est ainsi plus que l'apanage de quelques puristes nostalgiques qui vantent son côté chaleureux et authentique, par contraste avec celui plus froid et trop parfait du CD.
Et pourtant, l'avènement du nouveau millénaire correspond à un regain d'intérêt pour ce support qui séduit principalement par son côté "vintage". Des artistes-phares comme les Daft Punk, les White Stripes ou Pharrell Williams proposent leurs derniers opus dans ce format. Nombre d'albums ou de titres jusqu'alors uniquement disponibles sur CD connaissent une réédition en vinyle. En 2019, le marché américain du CD rapportait 247,9 millions de dollars, contre 224,1 millions pour le vinyle. Comme le résume très bien Rolling Stone, « que ce soit sous la forme d’un flux d’une seule piste ou d’un MP3 aujourd’hui dépassé, l’idée d’une explosion de joie concentrée par le biais d’une seule chanson n’a jamais disparu » !
Sources : maplatine.com et rollingstone.fr
ÇA S'EST AUSSI PASSÉ CETTE SEMAINE :
• 31 janvier (1858) : lancement du SS Great Eastern, le plus grand paquebot transatlantique jamais construit à son époque
• 31 janvier (1958) : la fusée Jupiter place sur orbite le premier satellite américain
• 1er février (1958) : les Etats-Unis lancent leur premier satellite artificiel, Explorer 1
• 1er février (1958) : création de l'Agence européenne pour l'énergie nucléaire
• 2 février (2018) : premier lancement du lanceur japonais SS-520-5, le plus petit au monde
• 3 février (1922) : la tour Eiffel transmet le premier bulletin météorologique
• 4 février (1912) : François Reichelt saute du premier étage de la Tour Eiffel avec un parachute de son invention… et s'écrase au sol
• 4 février (1913) : des kiosques équipés de téléphones sont installés dans les rues de Paris
• 4 février (1957) : mise en vente de la première machine à écrire électrique
• 4 février (1969) : inauguration du réseau Arpanet, qui deviendra Internet
• 4 février (2002) : lors d'une présentation à la presse, Louis Schweitzer, patron de Renault, essaie la nouvelle Vel Satis, équipée du système de navigation GPS Carminat développé par la marque… et se perd en forêt de Rambouillet
• 4 février (2004) : création de Facebook par Mark Zuckerberg
• 4 février (2008) : Across the Universe des Beatles est diffusée dans l'espace par la NASA
• 5 février (1840) : naissance de J.B. Dunlop, l'inventeur du pneumatique
• 6 février (1800) : Alessandro Volta invente la pile électrique
• 6 février (1971) : l'astronaute américain Alan Shepard joue au golf sur la Lune
Le 01/02/2022