Partager sur
TRIBUNE - La réindustrialisation de la France et de l’Europe est peut-être en marche. L’emploi du conditionnel s’impose cependant tant l’ampleur du mouvement, réel, est encore limitée. Cette éclaircie peut-elle s’avérer durable ? Il y va de l’avenir économique et social des pays concernés. Au regard d’un passé, encore récent, d’une désindustrialisation qui a accompagné la mondialisation des échanges commerciaux à l’échelle de la planète, l’heure n’est pas venue de crier victoire, plutôt à faire preuve de prudence. Pour répondre à ce défi sociétal mais aussi environnemental, chacun doit apporter sa pierre à l’édifice. Les gouvernements doivent accompagner le mouvement et mettre en œuvre les conditions favorables ; les entreprises doivent cesser de chercher le profit facile et immédiat de la main-d’œuvre à bas coût en bâtissant des stratégies à long terme ; enfin, nous citoyens, devons être des « consom’acteurs » s’intéressant plus aux conséquences de nos achats, tant pour les lieux que les conditions de production.
Une révolution est peut-être en marche mais elle sera longue et difficile. Car la réussite de la réindustrialisation passe par un changement des mentalités. L’industrie est un secteur d’excellence trop peu promu dans le système éducatif et de formation, notamment français. Il demeure principalement masculin, ce qui le pénalise en termes d’efficacité et de compétences. Un autre point porte sur l’accès aux marchés publics. Aucune entreprise européenne ne perce aux États-Unis si elle ne produit pas dans le pays, à tout le moins à l’échelle du continent nord-américain. Pendant ce temps-là, l’Union européenne vante les mérites d’une libre concurrence dont elle est une des victimes. La mondialisation n’a pas que des effets négatifs. Elle n’a de sens que si le contrat est gagnant-gagnant. La réindustrialisation, enfin, est indispensable dès lors que l’on se place sur le plan de la souveraineté nationale ou européenne. En la matière, la définition des priorités stratégiques n’est pas le moindre des défis.
Le 20/12/2021