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21 novembre 1782 : Jacques de Vaucanson, un génie de la mécanique

Cette semaine, nous vous racontons l'histoire de l'un des pères de la mécanique et des automates, toujours très présent dans notre quotidien tant technologique qu'artistique...

 

UNE VOCATION PRECOCE

Jacques de Vaucanson naît le 24 février 1709 à Grenoble au sein d'une famille bourgeoise nombreuse. C'est pourtant pour vaincre sa solitude que ce fils de gantier révèle dès sa prime jeunesse d'exceptionnelles dispositions pour la mécanique. Sa mère l'amène en effet chaque dimanche visiter des douairières locales. Lesquelles s'empressent de se débarrasser de l'encombrant garçonnet en le reléguant dans une chambre dotée d'une antique horloge. Fasciné par le mouvement du balancier, dont il perce rapidement les secrets, il réalise sa première horloge avec les moyens du bord. Sa réputation ne tarde pas à faire le tour de son quartier où il répare montres et autres carillons.

Un temps tenté par la religion, il prononce ses vœux en 1727 mais y renonce vite, jugeant l'Église trop éloignée de ses premières amours scientifiques et techniques. Il se rend alors à Paris pour suivre, de 1728 à 1731, des études de mécanique, de physique, d'anatomie et de musique.

 

DE L'ART DU CANARD EN MUSIQUE

Il se lance dans la construction de son premier automate, resté dans l'histoire sous le nom de "flûteur automate". Assis sur un rocher, ce joueur de flûte traversière grandeur nature, dont les doigts, les lèvres et même le débit d'air sont en mouvement, rencontre un vif succès. Il réitère l'exploit avec un second modèle encore plus perfectionné qui prend la forme d'un berger provençal jouant à la fois du tambourin et du galoubet, une flûte difficile à maîtriser notamment en raison des coups de langue complexes à donner. Son troisième modèle, un "canard digérateur", reste néanmoins son grand chef-d'œuvre : le palmipède, exposé en 1744 au Palais-Royal, est capable de manger, digérer, cancaner et nager grâce à un mécanisme complexe visible dans son piédestal. D'un réalisme saisissant, ses ailes sont reproduites os par os. Malheureusement, ces trois prouesses technologiques disparaîtront toutes à la fin du XIXème siècle et il n'en demeure que des gravures ou de mauvaises photographies…

 

UN ÂNE A THEME

Sa réputation ayant dépassé les frontières de la France, il n'a que 32 ans lorsque Frédéric II de Prusse, qui cherche à s’entourer des plus grands talents européens, lui offre un pont d'or pour qu'il le rejoigne. Proposition juteuse qu'il décline pourtant, préférant rester dans l'hexagone où il accepte la charge d'inspecteur général des manufactures de soie en 1741, industrie que Louis XV souhaite réorganiser. Il abandonne alors ses travaux sur les automates pour s'attacher à perfectionner les diverses machines utilisées dans ce domaine.

Il automatise notamment les métiers à tisser, ses travaux influençant plus tard ceux de Joseph Jacquard. Ces améliorations techniques, qui entraînent une simplification du travail, lui valent de se faire de solides inimitiés parmi les ouvriers lyonnais, qui se prétendent seuls capables d’exécuter certains motifs à la mode. Après avoir été poursuivi par certains d'entre eux à coups de pierres dans les rues de la capitale des Gaules, il construit, pour se venger, une machine, toujours visible au Conservatoire des Arts et Métiers, grâce à laquelle un âne est capable d'exécuter une étoffe à fleurs ! Il est aussi crédité de l’invention du premier tour métallique, de la création d'une chaîne qui porte son nom ainsi que de celle d’une machine pouvant fabriquer des mailles égales.

C'est donc fort logiquement qu'en 1746, ce grand mécanicien, qui participe sur son temps libre à la rédaction de l'Encyclopédie dirigée par Diderot et D’Alembert, est admis à l’Académie des Sciences. Lorsqu'il meurt à 73 ans ce 21 novembre 1782, il lègue l'ensemble de ses machines au roi Louis XVI, qui s'empresse d'acheter l'hôtel de Mortagne, son domicile, pour y établir le Cabinet des mécaniques du roi, ancêtre du Conservatoire national des Arts et Métiers.

Jacques de Vaucanson a par ailleurs inspiré plusieurs auteurs de premier plan : on trouve ainsi de nombreux hommages à son talent dans la bande dessinée - notamment chez Joann Sfar -, dans la littérature - avec Voltaire, Jean-François Parot, Thomas Pynchon mais aussi Frank Herbert, l'auteur de Dune -, les jeux vidéo, le cinéma, la télévision…
 

"Le hardi Vaucanson, rival de Prométhée, semblait, de la nature imitant les ressorts, prendre le feu des cieux pour animer les corps." – Voltaire

 

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Le 15/11/2021