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Hergé l'avait imaginé vingt ans plus tôt, Neil Armstrong l'a fait ce 21 juillet 1969 : un homme marche pour la première fois sur la Lune ! Si le récit de cet évènement est connu, son principal acteur, très discret, l'est moins. Et pour cause… Retour sur le parcours d'un héros d'exception… très discret !
Neil Alden Armstrong naît le 5 août 1930 dans une famille modeste de l'Ohio. Sa mère est femme au foyer et son père auditeur pour cet État, ce qui l'oblige à déménager souvent en compagnie de sa femme et de ses trois enfants. Sa passion pour l'aviation prend racine très tôt, suite à un baptême de l'air effectué à l'âge de six ans. Sa fascination est telle qu'il passe son enfance à dévorer des revues spécialisées et à assembler des maquettes d'avion. Aussi obtient-il son brevet de pilote le jour de ses seize ans… avant même de savoir conduire une voiture !
Ce jeune passionné n'en est pas moins un homme réservé, réfléchi. En perpétuelle introspection. Une sensibilité et une pudeur extrêmes qu'il gardera toute sa vie et qui l'amènent à s'éprendre de musique… et même à écrire deux comédies musicales à l'université Purdue, dans l'Indiana. Il y obtient une licence en aéronautique et y rencontre sa première épouse avec qui il aura trois enfants, dont une petite fille qui mourra très jeune. Un drame qui sera l'un des moteurs de son destin, comme l'illustre le très beau film First Man.
Il interrompt ses études momentanément en 1950 pour effectuer son service militaire dans la marine de guerre où il suivra… une formation de pilote d'avion à réaction. Basé sur le porte-avions USS Essex, il participe ainsi à la guerre de Corée avant d'intégrer, en 1955, ce qui deviendra la Nasa en tant que pilote d'essai. Il y effectue plus de 900 vols pour mettre au point des bombardiers, des chasseurs et des avions-fusées expérimentaux. Un impressionnant tableau de chasse qui lui vaut d'entrer, en 1962, à 22 ans à peine, dans le prestigieux corps des astronautes de l'agence spatiale américaine.
En 1966, il effectue ainsi son premier vol spatial à bord de Gemini 8, réalisant à cette occasion le premier amarrage de deux engins spatiaux. Et c'est donc en toute logique que ce pilote chevronné est désigné pour devenir le commandant d'Apollo 11, la première mission destinée à se poser sur la Lune…
Loin d'être lunaire, l'homme est prévoyant. Il signe, avant son départ pour cette mission à haut risque et avec ses deux camarades, Edwin "Buzz" Aldrin et Michael Collins, une assurance-vie très particulière : des cartes postales qu'ils remettent ensuite à leur famille afin qu'elles puissent les revendre en cas de décès prématuré… Lesquelles se revendent aujourd'hui à prix d'or !
Et c'est ainsi que le 21 juillet 1969, à 38 ans, il se pose sur la Lune et, devant des millions d'humains fascinés rivés à leurs télévisions, effectue avec Aldrin une sortie de 2h20 qui constitue les premiers pas de l'homme sur un autre corps que la Terre, prononçant au passage la phrase devenue mythique : "c'est un petit pas pour un homme, mais un bond de géant pour l'humanité". Les deux astronautes y déposent une plaque commémorative et un drapeau américain, installent un capteur de particules, prélèvent des échantillons et prennent des photos. Quant à la raison de son choix comme premier à fouler ce sol, elle réside apparemment dans le fait qu'il a été incorporé comme civil à la Nasa, à la différence de Buzz Aldrin, resté soldat. L’agence spatiale américaine tenait en effet à ce qu'on ne puisse associer cet événement à une conquête militaire. Des raisons techniques ont également été avancées, liées à la disposition des portes dans la capsule qui aurait favorisé Armstrong.
C'est donc un homme auréolé de gloire qui redescend sur Terre le 24 juillet. Or si sa première épouse – dont il divorcera en 1994, ce qui explique peut-être le commentaire acerbe qui va suivre – a prétendu que "la Lune lui est montée à la tête" -, tout semble démontrer le contraire. Plutôt que de capitaliser sur sa soudaine notoriété, il annonce son retrait des vols spatiaux et part enseigner l'ingénierie aérospatiale à l'Université de Cincinnati. Il n'a de cesse de répéter aux très rares journalistes à qui il accorde une interview qu'il "ne mérite pas toute cette attention" et, contrairement à beaucoup de ses confrères, a toujours exclu d'écrire ses mémoires. Fuyant les projecteurs, il refuse souvent même de donner des autographes en raison du trafic auquel ils donnent lieu, combat farouchement les usages non autorisés de son nom, de son image ou de ses citations… voire même de ses cheveux ! En mai 2005, il attaque ainsi son coiffeur, dont il est pourtant le client depuis vingt ans. Ce dernier, qui a vendu ses mèches à un collectionneur pour 3 000 dollars, est contraint de faire don de cette somme à une œuvre.
Même s'il préfère passer l'essentiel de son temps dans sa ferme, son prestige lui vaut néanmoins de servir, dans les décennies qui suivent, de porte-parole à plusieurs sociétés américaines et de figurer parmi les membres des commissions d'enquête formées après l'interruption de la mission Apollo 13 en 1970 et l'accident de la navette spatiale Challenger en 1986.
Quand la mort vient le faucher à 82 ans le 25 août 2012, suite à une opération du cœur, le président Barack Obama en personne déclare : "Neil figure parmi les plus grands héros américains — non seulement de son époque, mais de tous les temps". Les drapeaux américains sont mis en berne et ses cendres dispersées dans l'océan Atlantique.
Il reste à jamais le premier de la douzaine d'hommes seulement – tous américains – à avoir marché sur la Lune… vingt ans tout de même après un certain Tintin !
ÇA S'EST AUSSI PASSÉ CETTE SEMAINE :
- 20 juillet (1937) : mort du père italien de la radio et de la télégraphie sans fil Guglielmo Marconi
- 21 juillet (2011) : dernier atterrissage d'une navette spatiale américaine, Atlantis
- 23 juillet (1894) : première course automobile au monde, entre Paris et Rouen
- 23 juillet (1903) : Ford vend sa première automobile
- 25 juillet (1909) : le Français Louis Blériot est le premier à franchir une mer, la Manche, en avion
- 25 juillet (1964) : en France, l'O.R.T.F. diffuse sa première chaîn
Le 19/07/2021