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Le 25 mai 1923 ou l'histoire des premières 24 Heures du Mans

Que s'est-il passé cette semaine dans l'Histoire de l'industrie ? C'est pour répondre à cette question que nous vous invitons à retrouver, de façon hebdomadaire, un fait historique qui s'est produit ces jours-ci… mais en d'autres temps. Cette semaine, réalisons un bond de presque un siècle en arrière pour assister à la naissance d'une course automobile - mais aussi industrielle - mythique !

 

UNE COURSE CONTRE LA MONTRE

Le grand architecte des 24 Heures, qui sera pendant des années au volant de cette manifestation de légende, s'appelle Georges Durand. Né le 30 avril 1864 à Fresnay-sur-Sarthe, dans une modeste famille de tisserands, il s'installe au Mans à l'âge de 20 ans où il travaille au service des ponts et chaussées. L'homme, talentueux, se fait vite remarquer et gravit les échelons.

Et c'est ainsi qu'en octobre 1905, ce passionné d'automobile s’associe à des industriels locaux pour créer un comité afin de promouvoir la candidature de la Sarthe à l’organisation du premier Grand Prix de l’Automobile Club de France, l'ACF. Une initiative couronnée de succès puisqu'ils décrochent le Graal. Huit mois après seulement, le premier Grand prix de l’ACF se déroule ainsi au Mans les 25 et 26 juin 1906 sur le futur circuit des 24 Heures.

Une performance d'autant plus remarquable que ce n'est que le 24 janvier de la même année qu'ont été déposés dans cette optique les statuts officiels de ce qui deviendra l'Automobile Club de l’Ouest, l'ACO, dont il est nommé secrétaire général, poste qu'il occupera jusqu'à son décès. 

 

GARE AUX BOLIDES !

Mais très vite, Georges Durand et ses acolytes vont s'émanciper en imaginant une compétition qui leur est propre dans le but avoué de contribuer au progrès technique et à l'essor de ce moyen de transport encore à ses prémices. Aussi, mandaté par le comité directeur de l’ACO, profite-t-il du salon de l’automobile de 1922 pour rencontrer Charles Faroux, journaliste polytechnicien, et l'industriel Émile Coquille.

Les trois hommes se mettent d'accord pour créer une nouvelle forme de course, basée sur l’endurance plutôt que la vitesse, qui permettra à la fois de démontrer la qualité des machines et de générer des perfectionnements technologiques. Charles Faroux propose une course de huit heures, dont quatre de nuit, mais Georges Durand s’écrie : "Pourquoi pas 24 heures ?". Charles Faroux : "ce serait parfait... mais vous n’obtiendrez jamais les autorisations nécessaires !" La suite lui prouva que non, comme dit la chanson…

Peu de temps après en effet, l'ACO annonce officiellement la création d'un nouveau type de compétition dans la Sarthe : une épreuve d'endurance de 24 heures durant laquelle des équipages de deux pilotes par voiture se relaieront jour et nuit. La première édition, qui rassemble 33 équipages, se déroule les 26 et 27 mai 1923 sur le circuit de la Sarthe. Elle est remportée par l'équipage composé des Français André Lagache et René Léonard qui, à bord d'une Chenard & Walcker, couvrent 128 tours à la moyenne de 92,064 km/h. 

 

UN LABORATOIRE A CIEL OUVERT

Depuis, tant qu'une calamité de type guerre mondiale ou Covid ne vient pas s'en mêler, la plus ancienne et la plus prestigieuse des courses d'endurance au monde se déroule chaque année en juin. En près d'un siècle, elle a servi de terrain d'expérimentation à moults améliorations : le frein à disque, la jante, l'aérodynamisme, le pneu à carcasse radiale et le phare antibrouillard, à LEDs ou au laser font ainsi partie des nombreuses innovations testées à cette occasion.

Sans oublier les différents types de moteurs utilisés pour gagner tant en vitesse qu'en consommation, en attendant la voiture fonctionnant intégralement à l'hydrogène prévue en 2024. A tel point que la célèbre ligne droite des Hunaudières a été décrétée "laboratoire national" en 1932 par les Ponts et Chaussées.

Quant à Georges Durand, il a laissé une trace indélébile au Mans où il meurt le 3 mai 1941, auréolé de la Légion d'Honneur. Son nom est en effet donné à l'avenue qui se situe dans le prolongement de la prestigieuse ligne droite et rejoint le centre-ville. La dernière boucle de circuit est bouclée !

 

"La vraie réussite d'une équipe, c'est d'assurer la compétitivité dans la pérennité" – Alain Prost

 

ÇA S'EST AUSSI PASSÉ CETTE SEMAINE :

- 24 mai (1830) : ouverture de l'une des premières lignes de chemin de fer aux États-Unis, la Baltimore and Ohio Railroad, entre Baltimore et Ellicott City, dans le Maryland
- 24 mai (1903) : la course automobile Paris-Madrid, l'une des premières de l'Histoire, fait une halte définitive à Bordeaux
- 24 mai (1941) : le cuirassé allemand Bismarck coule dans l'Atlantique son adversaire anglais Hood après quelques minutes d'engagement
- 25 mai (1928) : lors de la deuxième expédition polaire de l'explorateur italien Umberto Nobile, son dirigeable Italia s'écrase au nord du Spitzberg
- 26 mai (1972) : le docteur von Braun, ancien favori d'Adolf Hitler, démissionne d'un poste de direction de… la Nasa
- 26 mai (2017) : début de la construction du télescope géant européen au Chili
- 27 mai (1931) : Auguste Piccard effectue le premier vol dans la stratosphère à bord d'un ballon libre
- 28 mai (1934) : Paul Codos et Maurice Rossi sont les premiers aviateurs à réussir la traversée du Pacifique dans les deux sens
- 28 mai (2016) : inauguration de FRIPON, réseau de caméras destiné à surveiller le ciel de France pour pister les météorites
- 30 mai (1911) : première édition des 500 Miles d'Indianapolis
- 30 mai (1966) : lancement de la sonde spatiale américaine Surveyor 1 pour explorer la Lune
- 30 mai (1971) : lancement de la sonde orbitale Mariner 9, premier vaisseau à étudier Mars depuis son orbite
- 30 mai (1975) : signature de la Convention créant l'Agence spatiale européenne à Paris

Le 25/05/2021