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Que s'est-il passé cette semaine dans l'Histoire de l'industrie ? C'est pour répondre à cette question que Global Industrie vous invite à retrouver, de façon hebdomadaire, un fait historique qui s'est produit ces jours-ci… en d'autres temps. En cette veille de Noël, fête des lumières s'il en est, revenons sur le destin d'un industriel français injustement méconnu et qui, bien qu'en avance sur son temps, n'avait rien d'un illuminé.

UN CHERCHEUR QUI FAIT FEU DE TOUT BOIS

Né en Haute-Marne en 1767, Philippe Lebon est le fils d'un ancien officier royal. Elève brillant, il intègre l'École d'Ingénieurs des Ponts et Chaussées dont il sort major avant d'y devenir professeur de mécanique. En 1786 - il n'a que 19 ans -, il met en évidence les propriétés du gaz de distillation du bois, le gaz hydrogène, qu'il va utiliser à des fins de chauffage et d'éclairage. Le 21 septembre 1799, il obtient ainsi un brevet pour son "thermolampe", dispositif d'éclairage qui utilise ce gaz acheminé dans les pièces pour produire de la lumière et va proprement révolutionner l'éclairage urbain.

Il installe pour la première fois ce système à Paris, dans l'hôtel de Seignelay, qu'il a loué pour y faire sa démonstration. Il se compose d'un vaste four à bois dont les gaz, produits par distillation, sont acheminés au moyen de tuyaux dans les différentes pièces pour les éclairer, tandis que le chauffage est assuré par la chaleur produite.

Ce 24 décembre 1801 à la nuit tombante, le tout Paris se presse en ce lieu pour assister à un spectacle extraordinaire pour l'époque. Après avoir acquitté un droit d'entrée de 3 francs, le visiteur est saisi, dès son arrivée, par l'illumination de la façade et pénètre dans un lieu proprement féérique, aux pièces inondées de lumière. Les plus savants, intrigués, recherchent en vain les lampes à huile et autres flambeaux qui servent habituellement d'éclairage, ne trouvant rien d'autre que des tuyaux qui courent le long des murs, reliés in extremis à un énorme poêle…

UNE MORT ALITÉE DOUTEUSE

Malgré l'enthousiasme suscité par cette démonstration, Philippe Lebon n'aura pas le temps de voir son invention révolutionner le quotidien de ses contemporains. Poursuivant ses recherches, il améliore pourtant le principe de la machine à vapeur par le procédé de condensation et dépose un brevet pour un moteur à gaz à combustion interne.

Malheureusement, celui-ci reste à l'état de projet car il meurt prématurément à 37 ans le 1er décembre 1804 dans des circonstances troubles. On a en effet prétendu qu'il aurait été tué de 13 coups de couteau en traversant les Champs-Élysées alors qu'il se rendait au sacre de Napoléon… qui aura lieu en fait le lendemain de son passage de vie à trépas, soit le 2 décembre. Il serait donc plus probablement décédé chez lui, sans que rien ne laisse supposer un éventuel assassinat.

Il faudra attendre encore plusieurs années avant que son invention ne se diffuse dans le grand public. Ainsi l'écossais William Murdoch, élève et collaborateur de James Watt, s'appuie sur ses travaux pour pousser plus loin les recherches. Dès 1807, les premières rues londoniennes sont illuminées sous l'impulsion de l'Allemand Frédéric-Albert Winsor, dont la compagnie va initier l'éclairage au gaz à Paris en 1816.

"Méfie-toi de ceux qui confondent l'éclairage et la lumière" – Tonino Benacquista

ÇA S'EST AUSSI PASSÉ CETTE SEMAINE :

- 21 décembre (1968) : lancement d'Apollo 8, première mission spatiale habitée au-delà de l'orbite terrestre
- 21 décembre (2018) : fermeture de Prosper-Haniel, la dernière mine de charbon d'Allemagne
- 23 décembre (1986) : l'avion américain Rutan Voyager est le premier à boucler le tour du monde en avion sans escale en 9 jours
- 24 décembre (1979) : lancement de la première fusée Ariane
- 25 décembre (2003) : la sonde européenne Mars Express se met en orbite autour de Mars
- 26 décembre (1898) : Pierre et Marie Curie annoncent à l'Académie des Sciences la découverte du radium et du polonium et proposent le vocable "radioactivité"
- 27 décembre (1910) : Léon Gaumont présente son gramophone