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30 octobre 1945 : la fabuleuse épopée des Liberty Ships

Que s'est-il passé cette semaine dans l'Histoire de l'industrie ? C'est pour répondre à cette question que Global Industrie vous invite à retrouver, de façon hebdomadaire, un fait historique qui s'est produit ces jours-ci… en d'autres temps.

Vous connaissez tous, sans forcément le savoir, les Liberty Ships, ces cargos américains mis en service durant la guerre "au service du monde libre" par le Président Roosevelt et qui apparaissent dans nombre de films et de documentaires. Alors que ce 30 octobre marque le 75ème anniversaire du lancement du 2 714ème et dernier exemplaire, nous vous proposons de revenir sur cette extraordinaire aventure humaine et industrielle.

 

 

L'HOMME QUI CHUCHOTAIT A L'OREILLE DU PRESIDENT

 

L'histoire commence cinq ans plus tôt, à l'été 1940. Sortant le pays de sa neutralité, le Président américain Franklin D. Roosevelt fait en effet part de sa volonté de faire des USA l'arsenal du monde libre. Un souhait qui prend forme le 11 mars 1941 grâce au vote de la loi Lend-Lease par le Congrès qui l'autorise à "vendre, céder, échanger, louer, ou doter par d'autres moyens" tout matériel de défense à un gouvernement "dont le Président estime la défense vitale à celle des États-Unis".

Derrière cette décision se trouve un homme qui chuchote a l'oreille du Président. Fervent partisan de l'intervention de son pays dans la guerre contre l'Allemagne nazie, Henry J. Kaiser – c'est son nom – est un industriel du bâtiment qui ne dispose à l'époque d'aucune expérience dans la construction navale. C'est pourtant lui qui convainc Roosevelt qu'il est capable de révolutionner cette dernière en lui appliquant les recettes développées par Henry Ford pour l'automobile. Un pari qu'il tiendra et qui fera sa fortune.

 

 

 

 

 

 

 

LE FORDISME PREND LE LARGE

 

Ces "bateaux de la liberté", selon les propres termes du Président pour qui ils sont voués à libérer l'Europe, seront donc produits en grande série à partir de modules préfabriqués en série par toute une organisation d’ateliers périphériques. Ce qui permet de réduire considérablement à la fois la taille des équipes, le temps et le coût de construction. Ces modules sont ensuite transportés au chantier naval pour un assemblage final en série par soudure, en lieu et place du traditionnel rivetage, plus chronophage. Un avantage qui, combiné au faible niveau de formation des ouvriers, sera également une faiblesse, le résultat s'avérant moins résistant.

Mais peu importe : la priorité est ailleurs. Il s'agit en effet de produire à moindre coût plus de navires que les sous-marins allemands, les redoutables U-Boote, ne sont capables de détruire dans le même laps de temps. Et force est de constater que cela marche. Ainsi, si les premiers exemplaires sont construits en 230 jours, les 16 chantiers navals produiront en moyenne un Liberty Ship par jour au moment du Débarquement.

Pour autant, et contrairement à une idée reçue, tous ne sont pas semblables. Si les modèles standard font 130 mètres de long, pèsent 3 500 tonnes et sont dotés de 5 cales d'une capacité de 15 000 m3 capables de contenir 10 000 tonnes de matériels, le système de modules et la simplicité d'assemblage permettent de produire des bateaux de taille et d'agencement différents. Car ces navires, qui ont pour but de ravitailler les forces alliées, sont amenés à transporter des cargaisons aussi diverses que variées : trains, chars, avions, camions, troupes…

 

 

 

UN MAILLON ESSENTIEL A LA VICTOIRE ET AU REDRESSEMENT DE L'EUROPE

 

Ce modèle de bateau le plus produit au monde symbolise à lui seul la puissance de l'industrie de guerre américaine. Les bâtiments sont, dans un premier temps, achetés par la flotte US qui peut ensuite les louer, dans le cadre de la loi Lend-Lease, au Royaume-Uni en particulier. Ils deviennent ainsi un maillon logistique essentiel à la poursuite et à l'issue du conflit en permettant au matériel comme aux troupes d'affluer en permanence sur le front. Une victoire qui a un prix : 300 d'entre eux sont coulés, dont une cinquantaine dès leur première sortie.

Leur mission ne s'achève pas pour autant avec la victoire. Une fois la paix retrouvée, ils participent en effet activement au redressement de l’Europe en acheminant la nourriture et le matériel nécessaires à la reconstruction du Vieux Continent. Afin de l'aider à reconstituer sa marine marchande, le gouvernement français reçoit 75 bâtiments qu'il loue à des armateurs. Nombre d'entre eux, grecs pour la plupart, comme le célèbre Aristote Onassis, feront d'ailleurs fortune en en rachetant à bas prix. 

De nos jours, seuls deux exemplaires sont toujours en état de naviguer. Ils ont été transformés en navires musées aux États-Unis.

 

"Sans la chaîne d'approvisionnement des Liberty Ships qui sillonnèrent inlassablement les mers entre l'Amérique et l'Angleterre, la guerre aurait été perdue" – Winston Churchill

 

ÇA S'EST AUSSI PASSE CETTE SEMAINE :

 

-  27 octobre (1949) : l'avion transportant le boxeur Marcel Cerdan et la violoniste Ginette Neveu s'écrase aux Açores
- 28 octobre (1893) : le Havoc, premier destroyer opérationnel, commandé par la Royal Navy, navigue sur la Tamise
- 28 octobre (1952) : pour la première fois dans l'histoire de l'aviation française, un appareil français, un Mystère II, franchit le mur du son
-  28 octobre (1972) : premier vol d'un Airbus, l'A300
- 28 octobre (1988) : une fusée Ariane place sur orbite TDF 1, premier satellite français de télévision
- 29 octobre (1968) : révélation qu'une fusée ouest-allemande ultra-secrète, dérobée dans un centre d'essais, a été expédiée à Moscou par fret aérien
- 29 octobre (1969) : envoi du premier message électronique par l'université de Californie (UCLA) à l'institut de recherches de Stanford
- 29 octobre (1998) : premier Américain en orbite en 1962, John Glenn reprend du service à 77 ans à bord de la navette Discovery pour des expériences sur le vieillissement

 

Le 26/10/2020