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21 SEPTEMBRE 1574 : Bernard Palissy, le pape de la céramique

Que s'est-il passé cette semaine dans l'Histoire de l'industrie ? C'est pour répondre à cette question que Global Industrie vous invite à retrouver, de façon hebdomadaire, un fait historique qui s'est produit ces jours-ci… en d'autres temps. Alors que la céramique fait partie de ces "nouveaux" matériaux de plus en plus prisés dans l'industrie, rendons hommage à sa figure tutélaire française, Bernard Palissy, qui, en ce 21 septembre 1574, est reçu au Louvre par Catherine de Médicis pour lui présenter ses plus belles réalisations.

 UN PASSIONNÉ FAISANT FEU DE TOUT BOIS 

Né probablement à Agen aux alentours de 1510, cet autodidacte issu du peuple, à la force et la vitalité exceptionnelles, s'installe comme peintre-verrier à Saintes après avoir accompli le célèbre Tour de France des compagnons, qui lui a permis à la fois de se perfectionner dans son art et de développer son goût pour l'observation de la nature. Il se marie et se convertit au protestantisme. 

D'après la légende, sa vocation de céramiste serait née lorsque le hasard le mit en présence, vers 1539, d'une coupe de faïence émaillée italienne. Il aurait été à ce point ébloui par l'éclat de ses couleurs chatoyantes qu'il aurait aussitôt décidé de délaisser le verre pour la poterie et de se plonger dans la recherche de cette technique et du secret de l'émail blanc. En réalité, il s'agirait plutôt d'une porcelaine chinoise. Mais peu importe. Le fait est que l'homme se lance avec passion et sans relâche dans cette quête qui lui prendra pas moins de 16 années de sa vie. 

Un épisode est resté fameux : un jour qu'il vient à manquer de bois pour entretenir le feu qui alimente le four dans lequel cuisent plusieurs de ses pièces, il n'hésite pas à fracasser la table et les chaises de sa salle à manger, puis à déclouer et brûler son plancher pour l'alimenter. Comme dans le même temps il lui faut nourrir son épouse et ses six enfants, il exerce parallèlement la profession d'arpenteur-géomètre. Laquelle lui permet de parcourir les marais salants de Saintonge et d'entretenir sa seconde passion : l'observation de la faune et la flore dont il s'inspire pour décorer ses créations.

 

 LE JOUR DE GLOIRE EST (ENFIN) ARRIVÉ ! 

Cette obstination finit par payer. Dès 1555, il parvient en effet à maîtriser la fabrication des émaux et commence à produire la fameuse vaisselle qui va faire sa réputation, notamment ses "bassins rustiques", de grands plats ornés d'animaux et de coquillages en relief, et ses poteries émaillées, les "figulines", garnies de bêtes et de plantes moulées au naturel sur des plats et des vases recouverts de glaçures brillantes.

C'est alors qu'il fait la connaissance du connétable Anne de Montmorency qui l'engage pour réaliser entre autres dans son château d'Écouen, qui regroupe toujours de nos jours certaines de ses plus belles œuvres, une grotte à décor céramique représentant plantes et animaux marins. Celui-ci le présente à la reine mère Catherine de Médicis qui l'invite, en 1566, à travailler à la décoration du nouveau palais des Tuileries.

Grâce à cette protection royale, il échappe en 1572 au massacre de la Saint-Barthélémy, mais doit quitter momentanément Paris où il finit par revenir pour donner également des cours… de paléontologie et d'histoire naturelle, forts prisés de nombre de savants et d'érudits. Pour décorer de manière originale ses poteries, il recueille ou fait recueillir en effet toutes sortes de fossiles qu'il étudie avec soin, matière à deux livres qui bouleversent plusieurs théories scientifiques de l'époque. Comme l'écrira plus d'un siècle après le grand scientifique Fontenelle, "ce potier qui ne savait ni le latin ni le grec a osé dire le premier que les coquilles fossiles étaient des coquilles déposées autrefois par la mer". Il rédige également à cette époque ses "Discours admirables", dont un chapitre est consacré à son expérience de potier, et crée un "cabinet de curiosités", précurseur des futurs musées d'histoire naturelle, pour faire découvrir et admirer ses découvertes. 

C'est donc un véritable homme de la Renaissance que Catherine de Médicis reçoit au Louvre ce 21 septembre 1574 et qui lui présente plusieurs de ses plus belles réalisations.

 

 VICTIME DES GUERRES DE RELIGION 

Malgré cela, la fin de sa vie est particulièrement triste. En 1586, il est en effet emprisonné en raison de ses convictions religieuses. Sommé de se convertir, le vieillard, âgé de plus de 75 ans, refuse de plier. Cette forte personnalité est condamnée au bannissement… mais reste à Paris. Arrêté de nouveau en mai 1588, il est condamné à mort, fait appel et voit sa peine commuée en prison à vie. Emprisonné d'abord à la Conciergerie puis à la Bastille, il y meurt en 1589 ou 1590, victime de la faim, du froid et de mauvais traitements.

Sa légende naît dès sa disparition, dramatisée par des chroniqueurs contemporains aussi éminents qu'Agrippa d'Aubigné. Les Lumières et les révolutionnaires verront notamment en lui le type même du génie persécuté par l'Église. Censurés, ses écrits sur l'hydrologie et l'agriculture, en avance sur leur temps, continueront de circuler sous le manteau avant d'être réédités au XVIIIème siècle.

 

"J'aime mieux dire la vérité en mon langage rustique que mensonge en un langage théorique" – Bernard Palissy

 

 ÇA S'EST AUSSI PASSÉ CETTE SEMAINE : 

 

-    21 septembre (1930) : l'ingénieur allemand Johann Ostermeyer dépose un brevet pour les ampoules-flashes photographiques
-    21 septembre (1968) : la capsule russe inhabitée Zond V revient sur Terre après un tour de la Lune
-    21 septembre (2014) : la sonde américaine Maven en orbite autour de la planète Mars
-    22 septembre (1928) : premier central téléphonique automatique en France
-    22 septembre (2018) : deux micro-robots japonais atterrissent sur l'astéroïde Ryugu
-    23 septembre (1913) : Roland Garros réussit la première traversée aérienne sans escale de la Méditerranée en 7 heures et 53 minutes
-    23 septembre (1999) : la sonde spatiale Mars Climate Orbiter est détruite à cause d'une erreur de navigation pendant sa mise en orbite autour de Mars
-    24 septembre (1887) : le sous-marin français Gymnote est le premier à naviguer
-    24 septembre (1970) : mise en service du turbo-train Paris-Cherbourg
-    25 septembre (1997) : le véhicule terrestre Thrust SSC franchit le mur du son
-    26 septembre (1905) : Albert Einstein publie sa théorie de la relativité restreinte
-    26 septembre (1925) : deux avions Bréguet réalisent la première liaison Paris-Tokyo
-    27 septembre (1825) : inauguration du chemin de fer de Stockton et Darlington, première ligne à utiliser des locomotives à vapeur et à transporter des voyageurs
-    27 septembre (1981) : entrée en service officiel du TGV en France entre Paris et Lyon
-    27 septembre (1987) : Jacques Chirac et Hosni Moubarak inaugurent le métro du Caire

Le 21/09/2020