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Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur l'industrie du futur sans jamais oser le demander !
A travers cette nouvelle rubrique, Global Industrie fait le point pour vous sur les grands thèmes de l'industrie 4.0… et même 5.0 ! Cap donc aujourd'hui sur une hypothétique cinquième révolution industrielle.
SUIVEZ LE GUIDE !
Avant de parler de l'industrie 5.0, force est de reconnaître que la 4.0 est toujours en cours de définition. Considérée comme la quatrième révolution industrielle, celle du digital avec une consommation dématérialisée à la demande, elle ne se résume cependant pas à des technologies, mais aussi à des pratiques et des business models différents. La donnée y est un support, mais elle n'est pas tout. L'industrie a toujours été caractérisée par la production de masse et continue à l'être dans cette quatrième révolution, même si elle se personnalise. Le 4.0 n'a donc pas fondamentalement changé le sens de l'action industrielle en général, et de la troisième révolution en particulier : on produit toujours en masse en collant à la demande du marché. Ce qui est nouveau est que l'on va désormais jusqu'au consommateur individuel pour répondre à ses exigences, via les nouvelles technologies.
"Faire de l'industrie 4.0", c'est donc inventer l'usage de nouvelles technologies dans son métier et construire ainsi son nouveau business model. Cela nécessite bien sûr de connaître ces nouvelles technologies. Mais l'industrie reste physique : à la fin, on produit un objet, qu'il s'agisse d'une voiture, d'un téléphone, d'un verre, d'une table ou autre. Le process de production reste donc capital. Tout n'est pas digital. Faire de l'industrie 4.0, c'est un nouvel état d'esprit plus agile qui tend à embrasser une nouvelle technologie pour la rendre intéressante dans son activité et ainsi créer le business model qui lui est le mieux adapté.
Le focus de l'industrie 4.0 est donc la productivité, la personnalisation et l'adéquation avec le monde capitaliste actuel. Souvent au détriment de l'écologie…
En 2011, quand le terme "Industrie 4.0" a été inventé, on ne parlait pas d'intelligence artificielle dans l'industrie. Ce qui implique que lorsqu'une nouvelle technologie arrive, on la verse dans le 4.0. Par conséquent, définir le 5.0 comme une nouvelle révolution se distinguant du 4.0 par le recours à encore plus de digital n'a pas de sens. Cette cinquième révolution, si elle se produit un jour, ne peut donc pas être uniquement technologique.
La cinquième révolution industrielle, si elle voit le jour, va être influencée par plusieurs grands facteurs.
Parmi eux, on peut citer bien sûr le poids des GAFA et des nouveaux "breakers" qui vont apporter des innovations et de nouveaux business models susceptibles de changer le monde. Autre influence majeure, l'évolution de la population mondiale, qui ne cesse d'augmenter et que l'industrie, production de masse par excellence, va devoir servir… L'évolution climatique, avec la notion de développement durable qui lui est rattachée, devra bien sûr être très fortement prise en compte pour une éventuelle cinquième révolution. De même que les influences technologiques, comme l'informatique, les transports, l'énergie…, ou encore les modes d'apprentissage, de plus en plus rapides et touchant de plus en plus de monde. A ce titre, l'attractivité de l'industrie, auprès des femmes notamment, constitue un véritable enjeu.
Enfin, cette révolution ne pourra se faire sans une forte dimension sociale et politique. Les modes de calcul des coûts de production actuels conduisent à un certain modèle. La chaîne de valeurs d'un produit et les structures de coût mondiales imposent une façon de faire. Une société qui s'en démarquerait seule serait automatiquement éliminée. D'éventuels nouveaux mouvements et modes de pensée autres que le capitalisme peuvent donc être déterminants.
Si elle se produit, cette cinquième révolution industrielle devra par conséquent répondre à plusieurs questions. Quelle masse produire ? Pour quel sens ? Vers quel développement durable ? L'industrie 5.0 devra réaliser un nouvel équilibre entre la production de masse et la sobriété de la consommation. L'homme n'y sera probablement pas poussé naturellement : les influences climatiques et les limites naturelles l'y contraindront. Cette volonté sociale et politique sera néanmoins extrêmement difficile à concrétiser car elle ne peut se faire à l'échelon d'un pays dans le modèle économique actuel.
Cet article a été rédigé à partir du keynote donné le 7 mars 2019 sur Global Industrie Lyon par Thierry de Vanssay, de l'Alliance Industrie du Futur, à qui nous adressons nos plus sincères remerciements.
Le 03/12/2019