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Le SNESE épingle les profiteurs de la crise du Covid 19 sur son Mur de la Honte

C'est malheureusement une constante de l'Histoire : si les crises révèlent les penchants altruistes et héroïques de certains hommes, elles mettent également en évidence le côté sombre d'autres. Il suffit pour s'en convaincre d'allumer sa télévision pour constater qu'au comportement exemplaire de soignants qui se dévouent au quotidien répond parfois, tel un mauvais négatif, l'attitude de certains de leurs voisins qui leur demandent anonymement de déménager pour ne pas risquer de les contaminer. Des cas heureusement très minoritaires mais qui ont le mauvais goût d'exister… 


Il en est de même actuellement dans l'industrie, constate amèrement et avec lucidité Richard Crétier qui a créé, sur le site Internet du SNESE, le syndicat des sous-traitants de l'électronique, un Mur de la Honte sur lequel sont placardés les courriers édifiants de certains clients qui profitent de la crise pour tenter de ne pas payer leurs fournisseurs…

 

 

 LA NÉCESSITE D'UNE INDUSTRIE SOLIDAIRE 

 

L'industrie subit de plein fouet la crise du coronavirus et doit témoigner à cette occasion d'une forte et réelle solidarité. La situation peut ainsi conduire certaines entreprises en réelles difficultés financières et inéligibles aux différents dispositifs d'aide mis en place par le Gouvernement, les banques ou encore la BPI, à demander à leurs fournisseurs des délais de paiements plus longs que ceux contractuellement prévus. Ces derniers se doivent alors d'être compréhensifs et de les aider en trouvant en concertation avec elles une solution adaptée aux impératifs de chacun.

 

 

 LES PROFITEURS DE GUERRE 

 

Mais que penser de ces clients qui profitent de la situation pour décider unilatéralement de ne pas payer leurs fournisseurs, de leur imposer des délais de paiement abusifs ou encore de repousser ou d'annuler purement et simplement leurs commandes ? Assurément pas du bien, souligne Richard Crétier qui relaie sur le site du SNESE les courriers, en cachant leurs auteurs, de ce qu'il convient d'appeler des profiteurs de "guerre", pour reprendre la comparaison du Président de la République. 

 

 

 UNE INVENTIVITÉ À TOUTE EPREUVE 

 

Les cas de figure des pratiques abusives de ces mauvais payeurs, qui ont tous à l'origine signé des commandes, sont multiples. Partant du principe que la livraison déclenche la facturation, celui-ci, faisant fi du contrat qu'il a signé, a décidé de la refuser. Un moindre mal par rapport à cet autre qui, lui, a purement et simplement prélevé la partie de la cargaison qui l'intéressait… avant de refuser le reste ! Ceux-là, "oublieux" de l'achat de matériel et du début de production par leurs prestataires, les préviennent qu'ils annulent ou reportent aux calendes grecques leurs commandes.

 

Et que penser de cet autre qui, ayant appris que son fournisseur a obtenu une garantie de l'Etat sur un prêt bancaire, lui demande de lui en reverser une partie car, ma foi, c'est un peu grâce à lui ?

 

 

 UNE RÈGLE : NE PAS SE LAISSER FAIRE 

 

"La perversité semble devenir une qualité chez certains acheteurs…", souligne malicieusement Richard Crétier. Et il est d'autant plus désolant de constater que de tels comportements sont le plus souvent le fait de grands groupes. Si l'on peut en étonner, il explique qu'"il y a malheureusement une vraie logique derrière cela". En repoussant leurs paiements, ces grosses entreprises, souvent cotées en bourse, consolident en effet leur trésorerie sur le dos de leurs fournisseurs. 

 

Or cela ne demeure purement et simplement qu'un pari. Elles savent en effet mieux que personne que de tels comportements sont hors la loi et qu'un défaut de paiement à la date prévue contractuellement est une infraction sanctionnée par le versement d'indemnités de retard. Mais elles partent du principe que si la moitié des fournisseurs auxquels elles ont envoyé ces courriers courbent l'échine, souvent par peur de rétorsions à venir, cela vaut la peine de tenter le coup. En effet, par crainte d'avoir sur le dos la Médiation des Entreprises ou la DGCCRF, auxquelles le SNESE conseille de s'adresser, elles paient généralement sans rechigner celles qui refusent de rentrer dans ce système !

 

 

 UNE FICHE CONSEIL POUR ASSISTER LES FOURNISSEURS 

 

Pour aider les entreprises face aux stratégies diverses et variées d'un client qui chercherait à leur imposer des retards de paiement, le syndicat a édité une fiche conseil avec les arguments pour le contrer. Outre un rappel de la loi, des sanctions prévues et de la position très claire de l'Etat sur ce sujet, il s’agit notamment de l’informer que si son refus de payer à la date convenue est dû à des problèmes financiers, son fournisseur est prêt à l'aider.

 

La fiche reprend ainsi des mesures d’accompagnement possibles à lui indiquer : ouverture d'un dossier de négociation, copie de documents attestant de ses difficultés financières, report d'échéance de 30 jours supplémentaires non-renouvelables…
 

Le 22/06/2020