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La fabuleuse histoire d'Elisabeth Tible, première femme aéronaute

Que s'est-il passé cette semaine dans l'Histoire de l'industrie ? C'est pour répondre à cette question que nous vous invitons à retrouver, chaque semaine, un fait historique qui s'est produit ces jours-ci… en d'autres temps. Aujourd'hui, rendons les honneurs qu'elle mérite à Elisabeth Tible. Ce nom ne vous dit probablement rien. Et pourtant, elle fait figure de pionnière dans l'histoire de l'aviation puisqu'elle est la première dame à avoir pris place dans un ballon libre un certain 3 juin 1784…
 

 UNE INVENTION DANS LE VENT 

Saviez-vous qu'à l'origine Joseph Montgolfier et son frère Etienne étaient papetiers à Vidalon-lès-Annonay, charmante petite bourgade située à 75 kilomètres au sud de Lyon ? Passionné par la chimie et, comme beaucoup à cette époque, par les nouveaux moyens de transport, Joseph eut un beau jour de 1782 l'idée d'utiliser l'air chaud, plus léger que le froid, pour déplacer des objets, entraînant au passage son cadet dans cette aventure qui allait rapidement les faire passer à la postérité.

Après plusieurs expériences qui leur permirent d'affiner leur modèle, le tout premier vol public officiel de leur montgolfière, vide, eut en effet lieu le 4 juin 1783 à Annonay : le ballon s'éleva à plus de 1 000 mètres avant de se poser, dix minutes plus tard, à une dizaine de kilomètres de là. 

 

 HONNEUR… AUX ANIMAUX ! 

Quelques mois plus tard, le premier vol habité se déroula à Versailles en présence du roi Louis XVI qui n'en perdit pas la tête pour autant. Les premiers aéronautes de l'Histoire étaient… un mouton, un canard et un coq. De quoi clouer, une bonne fois pour toutes, le bec aux sceptiques : quand il se posa 8 minutes et plus de 3 kilomètres plus loin, les bêtes étaient en parfaite santé.

Si des animaux pouvaient le faire, un homme en était donc capable ! Aussi, suite à ce succès, c'est Jean-François Pilâtre de Rozier qui, après plusieurs essais, effectua le premier vol humain habité à bord d'un ballon captif – relié au sol par une corde - le 19 octobre à Paris, avant un premier vol libre le 21 novembre. 

Ce qui nous amène au 3 juin 1784. Car si un homme pouvait le faire, alors forcément…

 

 LA REINE ELISABETH 

 

Force est de constater qu'on ne sait pas grand-chose sur Elisabeth Tible. Fille d'un quincaillier lyonnais, elle serait née vers 1760 et n'aurait eu qu'une douzaine d'années – tout en travaillant déjà comme marchande de mode – lorsqu'elle épouse en janvier 1772 un certain Claude Tible, fabricant local de bas de soie. Mais certaines sources la décrivent également comme soprano à la Comédie de Lyon et son mari comme industriel spécialisé dans les objets en cire.

Toujours est-il que c'est bel et bien elle qui, ce 3 juin 1784, prend place au côté du peintre Fleurant à bord d'une montgolfière baptisée La Gustave en l'honneur du roi Gustave III de Suède, en visite à Lyon ce jour-là. Si, le 20 mai précédent à Paris, quatre autres femmes, la marquise et la comtesse de Montalembert, la comtesse de Podenas et une certaine demoiselle de Lagarde, avaient été les premières à effectuer un vol captif, aucune dame jusqu'à présent n'avait participé à un vol libre. 
Détail amusant, elle remplace ce jour-là un certain comte de Laurencin, apparemment passablement refroidi par un vol précédent qui s'était soldé par un atterrissage musclé… Le moins que l'on puisse dire est qu'elle ne semble pas plus impressionnée que cela puisque c'est vêtue telle la déesse romaine Minerve qu'elle chante à bord avec Fleurant des extraits d'un opéra à la mode à l'époque, La Belle Arsène. Elle en profite d'ailleurs pour négliger au passage l’interdiction de Louis XVI qui estimait que seuls les nobles pouvaient s’élever dans les airs…

Montés à 3 500 mètres au-dessus du sol, les deux maîtres chanteurs parcourent un peu plus de 3 kilomètres en 45 minutes. L'atterrissage s'avère en revanche quelque peu délicat puisqu'elle se foule la cheville à cette occasion. Ce qui ne l'empêchera pas d'assister aux festivités données en l'honneur du roi et d'être, à cette occasion, l'objet d'une tentative – infructueuse – de soin de son pied par magnétisme dans le but d'amuser le souverain. 

Suite à cela, on ne retrouve que très épisodiquement la trace d'Elisabeth Tible. Tout juste sait-on qu'elle se serait rendue à Paris pour essayer de participer, en vain, à un nouveau voyage en montgolfière organisé le 11 juillet depuis le Jardin du Luxembourg. Mais elle a ouvert la voie : en 1804, Sophie Blanchard sera la première femme à piloter son propre ballon et à devenir aérostière professionnelle. 


« Il y a deux points critiques dans chaque vol aérien : son début et sa fin » - Alexander Graham Bell

 ÇA S'EST AUSSI PASSÉ CETTE SEMAINE : 

-    1er juin (1942) : mise en service du barrage hydroélectrique de Grand Coulee aux USA
-    1er juin (2003) : mise en eau du barrage des Trois-Gorges en Chine, plus grande centrale hydroélectrique au monde avec 600 kms
-    1er juin (2016) : inauguration en Suisse du tunnel ferroviaire du Saint-Gothard, le plus long au monde avec 57,1 kms
-    4 juin (1896) : le Ford Quadricycle, premier prototype d'automobile mis au point par Henry Ford, roule à Detroit 
-    5 juin (1969) : le Tupolev Tu-144 russe, seul avion supersonique civil avec le Concorde à avoir atteint le stade de la production, passe le mur du son
-    5 juin (1972) : la première conférence de l'ONU sur l'environnement s'ouvre à Stockholm
-    6 juin (1882) : invention du fer à repasser électrique par le New-Yorkais Henry W. Seely
-    7 juin (1931) : l'aviateur français Marcel Doret s'envole pour battre le record du monde en circuit fermé
-    7 juin (1972) : en ancrant Soyouz 11, lancé la veille avec 3 hommes à son bord, à Saliout, les Russes créent la première station orbitale

Le 02/06/2020